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Malgré le faible avancement de la recherche sur le sujet, il existe de plus en plus de preuves suggérant que le CBD peut contribuer à la guérison de la dépendance en raison de ses effets sur la mémoire.
Les fumeurs de marijuana font souvent l’objet de moqueries stéréotypées concernant les pertes de mémoire à court terme. Les troubles de la mémoire dus à la consommation de cannabis suscitent une réelle inquiétude, notamment chez les personnes âgées qui envisagent le cannabis comme option thérapeutique pour traiter leurs douleurs chroniques ou soulager un glaucome par exemple.
De plus en plus de données suggèrent que le cannabidiol (CBD), une des nombreuses molécules actives présente dans la plante de cannabis, pourrait contribuer à la guérison des dépendances grâce à ses effets sur la mémoire. Les travaux des scientifiques brésiliens de l’Universidade Federal de Santa Catarina nous aident à mieux comprendre ce processus.
L’addiction : des mécanismes complexes
Il existe de nombreuses facettes de l’addiction, un mot qui n’est pas utilisé pour le diagnostic médical, auquel on préfère des termes comme dépendance, abus, mauvais usage et troubles de l’usage, en fonction des différences dans les comportements addictifs.
Quelle que soit sa définition exacte, l’état de manque induit par les signaux, qu’il soit dû à l’omniprésence de l’alcool lors d’événements sociaux, par exemple, ou aux habitudes que l’on associe au fait de fumer des cigarettes, rend difficile la sortie de l’addiction.
Le CBD pourrait réduire l’envie de consommer de la drogue
Lorsqu’une personne est exposée à un signal lié à la drogue, elle revit l’expérience de la drogue dans une certaine mesure, puis celle-ci est reconsolidée pour pouvoir être rappelée plus tard. Le CBD peut spécifiquement interférer avec ce processus de reconsolidation, réduisant ainsi les envies futures de drogue, selon une étude de 2017 publiée dans le Journal of Addiction Biology.
Ces travaux ont été réalisés chez la souris, un modèle animal de manque induit par les signaux est appelé préférence de place conditionnée (PPC). Pour mettre en place ce modèle d’étude, on conditionne d’abord les souris à associer un lieu à une drogue gratifiante comme la morphine et un autre lieu à aucune drogue. Leur préférence pour la pièce associée à la morphine est ensuite mesurée en l’absence de drogue. Bien que ce modèle soit simpliste, il est associé à des résultats chez l’homme, comme la rechute.
Lorsqu’une dose modérée de CBD est administrée immédiatement après l’exposition à un signal, la reconsolidation de cet indice est perturbée. Idéalement, cela devrait se traduire chez l’homme par une reconsolidation perturbée des envies d’opiacés.
Au cours des deux semaines suivantes, les souris traitées au CBD ont préféré la pièce associée à la morphine beaucoup moins souvent que les animaux non traités. De plus, l’unique traitement au CBD a conservé cet effet protecteur même lorsque la morphine a été réadministrée ultérieurement (un modèle de rechute).
D’autres travaux ont montré que le cannabidiol peut réduire les effets gratifiants des opiacés de manière spécifique. Ces recherches suggèrent que le CBD pourrait aider à désapprendre les habitudes de la dépendance, qui conduisent à l’état de manque et à la rechute bien après la fin du sevrage. Pour certaines personnes, les cannabinoïdes peuvent être un moyen d’échapper à la dépendance plutôt qu’une porte d’entrée vers celle-ci.