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La maladie d’Alzheimer est une pathologie neurodégénérative qui affecte principalement les personnes âgées et touche des millions de personnes chaque année. Outre les pertes cognitives, un aspect est souvent négligé, mais profondément perturbant : l’apparition de symptômes neuropsychiatriques (SNP) comme l’anxiété, la dépression, l’agitation, les comportements agressifs et même parfois des hallucinations. Ces manifestations aggravent la maladie, rendent le quotidien des patients difficiles et augmentent le stress de leurs soignants. C’est principalement l’un des raisons pour lesquelles les familles placent les malades en maison de retraite ou EHPAD.
Les traitements actuels d’Alzheimer reposent sur des antipsychotiques ou ses anxiolytiques avec leurs lots d’effets secondaires : somnolence, vertiges, augmentation des risques de chutes, interactions avec d’autres médicaments, etc.
Le cannabidiol peut-il offrir une solution alternative pour soulager ses effets secondaires ? C’est ce que suggère cette étude parue en 2024 dans le National Library of Medecine.
Résumé de l’étude
L’objectif de cette étude est de déterminer si une huile riche en CBD peut réduire les symptômes neuropsychiatriques des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sur le long terme. Mais le but est double : améliorer le bien-être des patients, mais aussi alléger la charge et la santé mentale des soignants.
Les chercheurs ont suivi un groupe de 59 patients pendant deux ans. Ils ont observé ces patients et mesuré l’évolution de leurs symptômes à l’aide d’un questionnaire standardisé, le NPI-Q (Neuropsychiatric Inventory Questionnaire). Quelques informations complémentaires :
- Les patients de l’étude ont tous développé la maladie après 65 ans et présentent des SNP non traités.
- L’huile riche en CBD a été administrée sous la langue, à raison de 0,1 ml toutes les 8 à 12 heures.
- La dose de CBD a été augmentée chaque semaine en fonction de la tolérance du patient.
Comment le CBD peut-il soulager les symptômes neuropsychiatriques (SNP) ?
Le CBD est réputé pour ses propriétés calmantes, anti-inflammatoires et anxiolytiques. Contrairement au THC, qui est psychoactif, le CBD n’affecte pas l’état de conscience, ce qui en fait une option bien tolérée et potentiellement bénéfique pour les patients atteints de maladies neurodégénératives. En interagissant avec le système endocannabinoïde, le CBD pourrait contribuer à la régulation de l’humeur, de la douleur et des réponses inflammatoires.
Faciliter la prise en charge des patients
L’objectif de cette étude est aussi de voir si le CBD peut alléger la charge des soignants en facilitant la prise en charge des patients. Peu d’études avaient jusqu’ici exploré son effet chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ce qui a mené à l’initiative de cette recherche.
L’impact positif du CBD va au-delà du seul soulagement des patients. En améliorant l’humeur et en réduisant les comportements perturbateurs des patients, il contribue aussi au bien-être et à la qualité de vie des familles et des soignants. Les symptômes neuropsychiatriques de la maladie d’Alzheimer peuvent épuiser émotionnellement et physiquement les proches aidants pour devenir moins pesant et réduire le risque de surmenage.
Des résultats encourageants…
Sur cette étude, les effets du CBD sur les SNP se sont révélés positifs.
Sur la période de suivi de 24 mois, l’amélioration des symptômes a perduré, un fait peu commun pour les traitements non conventionnels de la maladie d’Alzheimer. La majorité des patients ont continué à présenter une réduction stable des SNP, sans retour soudain des symptômes ou besoin d’augmentation excessive des doses.
Près de 95 % des participants ont maintenu une réduction des symptômes de plus de 30 %, et plus de 50 % des patients ont même conservé une amélioration de 50 % ou plus de leurs scores de gravité NPI-Q tout au long des deux ans. Administré à faible dose avec une augmentation progressive, le CBD a globalement été bien toléré par les patients, et les effets secondaires mineurs se sont révélés passagers.
… mais à valider par des essais cliniques
Bien que l’étude soit un succès, il est obligatoire de valider ces résultats par le biais d’essais cliniques contrôlés et randomisés. Parmi les éléments à affiner, la question des doses de CBD est prioritaire : dans ce cas, la dose de CBD était ajustée chaque semaine en fonction de la tolérance des patients, mais des protocoles standardisés doivent être établis pour déterminer les quantités idéales. Cette dose pourrait varier selon l’âge, le sexe, la sévérité des symptômes et la phase de progression de la maladie.
Attention : cette étude est exploratoire et ne constitue pas une recommandation de traitement. Toute utilisation du CBD chez des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer doit se faire sous la supervision d’un professionnel de santé qualifié.