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Une étude clinique récente a testé l’effet du cannabidiol (CBD) chez des enfants atteints de trouble du spectre de l’autisme. Les résultats, bien que modestes, suggèrent un impact possible sur certains comportements, sans effet indésirable grave. Un début de piste, encore exploratoire, mais porteur d’espoir.
- DOI : 1007/s10803-025-06884-y
Peut-il apaiser certains comportements chez l’enfant autiste ?
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) affecte environ un enfant sur cent. Il modifie les interactions sociales, les capacités de communication et la gestion des émotions. Certains enfants présentent également une irritabilité marquée, des troubles du sommeil ou des comportements répétitifs envahissants. Les traitements actuels sont peu nombreux et souvent mal tolérés. Face à cela, de plus en plus de familles se tournent vers des approches alternatives, comme le cannabidiol (CBD).
Ce composé du chanvre pourrait agir sur l’anxiété, le sommeil ou la douleur. Mais son usage chez l’enfant est très encadré, car les études sont encore rares. Une équipe de chercheurs vient justement de publier les résultats d’un essai clinique sur le sujet.
Une étude rigoureuse menée chez des enfants
L’essai a été conduit auprès de 14 enfants âgés de 7 à 14 ans, tous diagnostiqués TSA. Chaque enfant a reçu un traitement au CBD et un placebo, dans un protocole dit “croisé”. Cela signifie que chaque participant a pu servir de sa propre comparaison, réduisant ainsi les biais liés à la variabilité individuelle.
Le CBD utilisé était pur (sans THC) et administré par voie orale. La dose était adaptée au poids, jusqu’à 20 mg/kg/jour. Chaque phase de traitement a duré plusieurs semaines, séparée par une période de sevrage pour éviter les effets cumulés. Les comportements des enfants ont été suivis de près, à la fois par des cliniciens et par les parents. Les chercheurs ont évalué l’évolution de l’irritabilité, des interactions sociales, du sommeil et de l’humeur.
Des résultats à interpréter avec nuance
Dans la phase CBD, une majorité des enfants a montré une amélioration comportementale, perceptible dans la vie quotidienne. Moins d’irritabilité, davantage de calme, un sommeil de meilleure qualité : autant de signes qui, même discrets, peuvent alléger considérablement le quotidien de l’enfant et de sa famille. Mais ces effets n’ont pas été retrouvés de manière statistiquement significative sur les échelles quantitatives utilisées par les chercheurs. En clair, l’amélioration a été ressentie, mais pas toujours mesurée de façon objective par les outils cliniques. Côté tolérance, les résultats sont rassurants. Aucun effet indésirable grave n’a été observé. Quelques enfants ont présenté une somnolence légère ou une baisse d’appétit, mais rien qui n’ait nécessité d’interrompre le traitement.
Ce que cette étude nous apprend (et ce qu’elle ne dit pas encore)
L’étude ne permet pas de conclure sur l’efficacité du CBD. Le petit nombre de participants, l’absence d’effet significatif sur les scores objectifs, et la courte durée de traitement appellent à la prudence. Le CBD n’est pas un traitement validé du TSA à ce jour. Mais c’est une piste de recherche à suivre avec attention. Il ne s’agit pas d’une solution miracle, ni d’un substitut aux prises en charge habituelles. Mais dans un domaine où peu d’options existent, ces premiers résultats ouvrent la voie à d’autres recherches, plus larges, plus longues, plus robustes. Comme toujours, toute utilisation de CBD chez l’enfant doit se faire sous encadrement médical strict. Même les produits en vente libre ne sont pas anodins, surtout à des doses élevées ou sur la durée.