CBD ou shit : comment les différencier ?

différence entre la résine de cbd et la résine de cannabis

À première vue, la confusion est facile. Même texture sombre, mêmes odeurs végétales, même emballage sous cellophane. La résine de CBD et le shit se ressemblent, alors comment les distinguer ? 


Une ressemblance visuelle avec le cannabis

C’est un paradoxe du marché du CBD : pour séduire, il imite ce dont il veut se démarquer. Dans les vitrines des boutiques spécialisées, la résine de CBD se vend sous des noms bien connus des habitués du shit – « Afghan », « Marocain », « Charas » – avec l’apparence exacte du produit illégal : brun, collant ou friable, roulé en boule ou pressé en plaque. Le but, c’est de rassurer le consommateur pour qu’il retrouve ce qu’il connaît, mais sans le THC. Car la différence tient là : la résine de CBD contient du cannabidiol et le shit reste chargé en THC, le principe actif euphorisant du cannabis. Le premier est légal si le taux de THC reste sous la barre des 0,3 %. Le second est un stupéfiant, interdit à la vente et à la consommation.


Des effets opposés malgré une apparence similaire

La confusion s’arrête à l’apparence. Fumer du shit, c’est chercher l’effet : la montée, l’euphorie, la déconnexion. Avec ses risques : troubles de la mémoire, anxiété, accoutumance. Le marché illégal est saturé de résines coupées, trafiquées, parfois toxiques.

La résine de CBD, elle, n’a rien de récréatif. Elle ne fait pas planer.  Ses effets sont plus discrets : détente, relâchement musculaire, parfois sédation légère. Ce n’est pas une drogue, ni un médicament, mais un produit de confort, utilisé aussi bien par des insomniaques que des cadres stressés.


Quelles différences entre les deux produits ?

Critère Résine de CBD Shit (résine de cannabis)
Légalité Légale si ≤ 0,3 % THC et variété certifiée UE Illégale, classée comme stupéfiant
Teneur en THC ≤ 0,3 % Environ 5–30 %
Teneur en CBD 20–80 % selon les produits Faible ou nulle
Effets Détente, sans effet planant Euphorie, altération cognitive
Usage Bien-être, sommeil, stress Récréatif
Dépendance Non addictif (selon OMS) Risque d’addiction
Origine Chanvre légalement cultivé Cannabis illégal, souvent trafiqué
Production Extraction contrôlée, testée Souvent non régulée
Apparence Brun clair ou foncé, sec ou gras Brun foncé, collant ou cassant
Odeur Végétale, boisée, citronnée Âcre, parfois chimique


Ce que dit la loi française

En France, la résine de CBD est légale à condition de respecter trois critères stricts :


  • Un taux de THC ≤ 0,3 %

Conformément à l’article R.5132-86 du Code de la santé publique, tout produit contenant du THC est classé comme stupéfiant. Cependant, une dérogation existe pour les produits issus de variétés de chanvre autorisées, dont la teneur en THC ne dépasse pas 0,3 %, selon le règlement (UE) 2021/2115.

  • Des variétés de chanvre certifiées par l’Union européenne

Seules les variétés figurant dans le Catalogue officiel européen peuvent être utilisées pour produire du CBD légal. Ces variétés sont sélectionnées pour leur faible teneur en THC.

  • Des analyses de laboratoire obligatoires

Pour être commercialisée légalement, la résine doit faire l’objet d’analyses indépendantes prouvant que le taux de THC est conforme. Ces certificats doivent être accessibles au consommateur en cas de contrôle.

Le Conseil d’État, par sa décision du 29 décembre 2022 (n° 444887), a annulé l’arrêté gouvernemental qui interdisait la vente de fleurs et de résine de CBD à l’état brut. Le juge administratif a estimé que le CBD n’avait pas d’effet psychotrope ni addictif, et que l’interdiction était disproportionnée au regard du droit européen.


Et le shit (cannabis à THC) ?

À l’inverse, la résine de cannabis contenant plus de 0,3 % de THC – communément appelée shit – reste illégale en France. Elle est classée comme stupéfiant par la loi (article R.5132-86).


  • Usage simple : puni jusqu’à 1 an de prison et 3 750 € d’amende, ou une amende forfaitaire de 200 €.

  • Détention, production ou trafic : jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 7,5 millions € d’amende.


Attention aux contrôles

Les tests salivaires réalisés lors des contrôles routiers détectent la présence de THC, sans faire la distinction entre un produit légal au CBD et un stupéfiant. Un CBD mal dosé ou mal formulé peut donc entraîner un test positif et des complications juridiques, même si le consommateur est de bonne foi. Il est fortement recommandé de :

  • Conserver les certificats d’analyse de vos produits,
  • Privilégier des marques sérieuses, avec traçabilité claire,
  • Éviter la combustion (roulage, fumée), qui complique encore l’interprétation légale.


Un flou marketing assumé

Si le CBD emprunte les codes visuels du shit, c’est aussi parce qu’il exploite son imaginaire. Pochons zip, balances de précision, testeurs en vitrine : l’esthétique du deal est recyclée par le marché légal. Pour certains, c’est une stratégie assumée. Pour d’autres, une ambiguïté entretenue. Certains consommateurs reproduisent les gestes du cannabis récréatif — roulage, combustion — au détriment de modes d’usage plus sains comme la vaporisation ou l’ingestion.

Souvent, ce sont d’anciens usagers de THC qui se tournent vers le CBD pour réduire ou rompre leur consommation. Ce n’est pas une porte d’entrée vers le cannabis, mais plutôt une sortie.



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