- Contenu mis à jour le 22/09/2025
Résumé
- Le CBD agit sur les enzymes du foie (CYP450).
- Risque = surdosage ou inefficacité de certains médicaments.
- Médicaments sensibles : antiépileptiques, anticoagulants, immunosuppresseurs, psychotropes.
- Consulter avant, surveiller pendant, choisir des produits analysés et transparents.
Beaucoup intègrent le CBD dans leur routine bien-être pour le stress, le sommeil ou certaines douleurs. Mais une question revient souvent : le CBD peut-il interagir avec les médicaments ?
La réponse est oui. Comme de nombreux compléments alimentaires ou plantes médicinales, il est transformé par le foie. Or, c’est aussi le foie qui élimine la majorité des médicaments. Cela signifie qu’il peut y avoir des interactions, parfois sans conséquence, parfois sérieuses. Cet article fait le point de manière claire et pratique, pour vous aider à utiliser le CBD en toute sécurité.
Pourquoi peut-il interagir avec les médicaments ?
Quand on prend un médicament ou une substance naturelle, l’organisme doit le “décomposer” pour l’éliminer. Ce travail est réalisé en grande partie par des enzymes du foie regroupées sous le nom de CYP450.
- Le CBD est métabolisé (transformé) par ces enzymes, surtout CYP3A4 et CYP2C19.
- Mais le CBD peut aussi bloquer (inhiber) certains de ces enzymes, ce qui ralentit l’élimination d’autres médicaments. Résultat : le médicament peut s’accumuler et provoquer des effets secondaires.
- Inversement, certains médicaments ou plantes (comme le millepertuis) accélèrent l’action de ces enzymes et diminuent l’effet du CBD.
Le CBD est à la fois consommateur et perturbateur du système enzymatique du foie. C’est pour cela que des interactions sont possibles.
Quels médicaments sont les plus concernés ?
Les interactions ne concernent pas tous les médicaments. Voici les grandes classes où il faut être particulièrement vigilant.
Les médicaments pour l’épilepsie
- Clobazam : c’est l’interaction la plus connue. Le CBD augmente fortement un métabolite du clobazam, ce qui peut provoquer une somnolence excessive. Souvent, les médecins doivent réduire la dose de clobazam si le patient prend aussi du CBD (notamment sous forme de médicament Epidyolex®).
- Valproate (Dépakine®) : l’association CBD + valproate peut augmenter les enzymes du foie (ALT, AST). Cela ne donne pas toujours de symptômes, mais nécessite une prise de sang régulière.
Les anticoagulants
- Warfarine (Coumadine®) : plusieurs cas ont montré une augmentation de l’INR (un indicateur de coagulation), avec risque de saignement.
- Nouveaux anticoagulants (apixaban, rivaroxaban) : les données sont limitées, mais comme ils passent aussi par le foie, un risque d’interaction est plausible.
Les immunosuppresseurs (pour les patients greffés)
- Tacrolimus, ciclosporine, everolimus : des cas d’accumulation dangereuse ont été observés chez des patients greffés qui prenaient du CBD. Les concentrations sanguines ont parfois été multipliées par 3. Ici, la prudence est maximale : tout ajout de CBD doit être déclaré au médecin et nécessite une surveillance étroite du dosage sanguin du traitement.
Les médicaments pour le système nerveux
- Benzodiazépines (diazépam, alprazolam…) : le CBD peut renforcer leur effet sédatif (somnolence, confusion).
- Antidépresseurs (certains ISRS comme le citalopram ou la sertraline) : interactions possibles avec augmentation des effets indésirables (vertiges, troubles digestifs, fatigue).
Les autres classes
- Statines (cholestérol) et certains anti-arythmiques : potentiels risques d’accumulation.
- Morphine et autres opioïdes : le CBD peut ralentir leur élimination → risque de sur-sédation.
- Corticoïdes et antifongiques : interactions possibles, à surveiller au cas par cas.
Comment savoir si je suis à risque ?
Trois situations rendent les interactions plus probables :
- Si vous prenez plus de 3 traitements quotidiens, surtout chroniques.
- Si votre foie fonctionne moins bien, surtout chez les personnes âgées.
- Si vous présentez les maladies suivantes : hépatite, cirrhose ou toute anomalie biologique déjà connues.
Quels signes doivent alerter ?
Même si tout le monde ne réagit pas de la même manière, certains symptômes doivent pousser à consulter rapidement si vous prenez du CBD avec un traitement médical :
- Saignements inhabituels (gencives, nez, bleus faciles).
- Somnolence excessive ou confusion.
- Vertiges, chutes de tension.
- Jaunisse (yeux ou peau jaunes) ou douleurs sous les côtes à droite.
- Fatigue inhabituelle sans explication.
Une feuille de route pratique pour l'utiliser en toute sécurité
Voici quelques règles simples à suivre si vous prenez des médicaments et souhaitez tester le CBD :
Étape 1 : faites l’inventaire
Listez tous vos médicaments (nom, dose, heure de prise). Incluez aussi les plantes et compléments (millepertuis, pamplemousse…).
Étape 2 : parlez-en à votre médecin ou pharmacien
C’est indispensable si vous prenez :
- Un anticoagulant (warfarine, apixaban, rivaroxaban…).
- Un antiépileptique.
- Un immunosuppresseur.
- Des benzodiazépines ou antidépresseurs.
Étape 3 : commencez bas, allez lentement
- Ne démarrez pas directement avec de fortes doses de CBD.
- Tenez un petit journal de bord : dose, heure, effets ressentis.
Étape 4 : surveillez vos examens
- Warfarine : contrôlez votre INR plus souvent au début.
- Valproate : bilan hépatique à 1, 3 et 6 mois.
- Tacrolimus / ciclosporine : dosage sanguin rapproché.
Étape 5 : choisissez des produits de confiance
Exigez un certificat d’analyse (COA) mentionnant le lot, la teneur en CBD/THC, et l’absence de solvants ou métaux lourds. Méfiez-vous des produits sans traçabilité claire.
Faut-il éviter totalement le CBD si on prend des médicaments ?
Pas forcément. Beaucoup de patients associent CBD et traitements sans problème majeur, à condition :
- d’avoir un suivi médical,
- de respecter les bilans de contrôle,
- de signaler tout nouvel effet inhabituel.
Le danger n’est pas le CBD en soi, mais le manque de dialogue avec son médecin.
Le CBD est une molécule intéressante, utilisée à la fois comme produit de bien-être et comme médicament (Epidyolex®). Mais il n’est pas neutre : il peut modifier la façon dont certains médicaments sont éliminés par le foie. Les risques les plus documentés concernent le clobazam, le valproate, la warfarine et les immunosuppresseurs. Le bon réflexe est simple : toujours informer son médecin ou son pharmacien avant de commencer le CBD si vous suivez un traitement régulier. Cela permet d’adapter les doses, de programmer les bons examens et d’éviter les mauvaises surprises.
Une fatigue excessive ou somnolence
Une confusion ou des troubles de l’équilibre
Des saignements ou ecchymoses faciles
Une baisse de la pression artérielle et des vertiges
Des douleurs abdominales ou un jaunissement de la peau
L’inefficacité de certains traitements
Si vous remarquez que vos symptômes reviennent ou s’intensifient malgré votre traitement, cela peut être dû à une réduction de l’efficacité du médicament causée par l’interaction avec le CBD.
- À savoir : le CBD peut aussi potentialiser les effets d’autres substances non médicamenteuses, comme l’alcool, les plantes sédatives (valériane, passiflore) ou certains compléments. Par précaution, évitez les mélanges.
Soyez transparent avec le professionnel de santé
Même s’il est autorisé en France, le CBD peut encore pour certains être « mal perçu » ou similaire à la consommation de cannabis. Lors de votre discussion avec votre médecin, mentionnez l’ensemble des produits à base de CBD que vous utilisez (fleurs, huile, capsules, crèmes, etc.) leur dosage et leur fréquence. Plus votre médecin dispose d’informations, mieux il pourra évaluer les risques d'interactions.
Aussi, n’hésitez pas à expliquer les raisons de votre consommation (pour l’anxiété, la douleur, ou le sommeil, par exemple). De cette manière, votre médecin peut évaluer s’il existe des alternatives sans risque d’interaction avec un traitement médicamenteux.